Retour sur la conférence régionale de lutte contre la pauvreté organisée dans l’Aude.  

Le 16 novembre dernier, le Hub RhinOcc était présent à la conférence régionale des acteurs pour la lutte contre la pauvreté en Occitanie organisée à Carcassonne.

C’est le département de l’Aude qui a été choisi comme territoire d’accueil de cette réunion, qui avait pour objectif de mener une concertation autour de plusieurs axes, afin d’être au plus près des territoires et des acteurs. Si la lutte contre la pauvreté se déploie un peu partout dans la Région, il reste encore du chemin à parcourir pour améliorer nos actions et tirer les bons enseignements des retours du terrain.

Parmi les axes évoqués, nous avons particulièrement suivi la question de l’accès aux droits.

Les intervenants mobilisés sur ce sujet ont mis en avant qu’un ensemble de transformation est en œuvre depuis la crise du COVID, avec notamment la dématérialisation massive d’un certain nombre de pratiques. Bien que cela soit censé facilité des démarches, cela a également pour effet d’entrainer des fractures. A titre d’exemple, aujourd’hui, près de 30% de bénéficiaires potentiels du RSA ne le demandent pas.

L’accès au droit représente donc un véritable problème et enjeu aujourd’hui, sur lequel l’Etat travaille avec son projet « Solidarité à la source » qui vise à simplifier l’accès aux droits. Dans un premier temps, l’Etat souhaite gérer l’optimisation des droits des personnes déjà identifiées avec une automatisation interne qui permettrait d’augmenter le taux de recours. Ensuite, l’Etat souhaite travailler à l’harmonisation des bases de ressources pour simplifier l’accès aux différentes prestations. Enfin, dans un troisième temps, l’Etat souhaite travailler sur les personnes qu’on ne connait pas, qui ne sont pas identifié à ce jour dans les différents dispositifs. Pour cela, le maillage territorial est essentiel pour capter ces publics via différents canaux.

L’Aude est un territoire qui rencontre de véritables problématiques d’isolement, notamment du fait des zones rurales. Le département de l’Aude a lancé un dispositif qui cible ces personnes isolées : un diagnostic pour accompagner et gérer la prise en charge vers un accès aux droits des publics non-identifiés. Ce dispositif s’inscrit dans la politique solidarité du département, qui accompagne notamment beaucoup de femmes, isolées avec enfants, ayant parfois une barrière de la langue. Pour accompagner ces publics, le département mobilise des acteurs de terrain.

La CAF est également très investie sur l’accès aux droits avec une valeur forte autour de l’adaptabilité. En effet, la CAF met en place des actions spécifiques avec notamment des agents dédiés pour identifier les publics qui rencontrent des difficultés en agence, sur la prise en main des outils numériques notamment.

Concernant le domaine de la santé, là encore on observe de fortes inégalités sur l’accès aux soins. L’Assurance Maladie œuvre depuis des années pour une couverture minimale pour les droits de base pour tous. La Complémentaire Santé Solidaire a été mise en place pour avoir une meilleure couverture : malheureusement aujourd’hui une personne sur deux ne connait pas ce dispositif. Il est donc nécessaire d’aller vers les publics, de faire connaître ce dispositif et de mieux comprendre les problématiques de non-recours.

Au niveau de la MSA, ce sont des délégués cantonaux qui jouent ce rôle de détection des difficultés, d’aller vers les agriculteurs et de remonter les informations. La MSA travaille activement à la détection du mal-être agricole et à la prévention du suicide : des travaux importants qui montrent l’importance de la collaboration entre les acteurs pour être plus efficace et coordonner les actions.

 

Les intervenants ont également soulevé la question de l’inclusion numérique, un véritable enjeu pour le territoire. La question de la rupture face aux usages numériques rend effectivement indispensable de maintenir une relation humaine sur ces différents services d’accès aux droits.

Enfin, il y a aussi l’aspect des métiers qui évoluent dans ces structures d’accueil des publics. On passe d’une logique de « guichet » à une logique « allez vers » pour s’adresser aux mieux aux publics.  Parmi les nouveaux métiers qu’on voit apparaître, celui de médiateur est devenu central pour faire le lien avec les publics et changer les méthodes d’approche.

En conclusion, les échanges de cette table ronde ont mis en avant que la lutte contre la pauvreté doit se faire sur les territoires, grâce à une coordination des différents acteurs : département, CAF, Assurance Maladie…. L’État quant à lui, doit pouvoir outiller les territoires et lever les freins pour permettre aux territoires d’agir.

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