Le bien-être numérique sur les réseaux sociaux : un défi pour le XXIème siècle

Dans une interview de 2019, le PDG d’Instagram Adam Bosseri a confié à la chaîne américaine NBC que la publication quotidienne d’une photo ou vidéo par internaute sur le célèbre réseau social était largement suffisant. Mais il s’empresse d’ajouter que “les jeunes ne le pensent pas… On dirait qu’ils se forcent à le faire [poster du contenu]”. Si le patron d’Instagram tente de prendre du recul sur l’usage que l’on peut faire de son réseau social, les études scientifiques démontrent que les utilisateurs, eux, n’en prennent malheureusement pas assez.

La France est un gros consommateur en matière de réseaux sociaux. Facebook compte environ 37 millions d’internautes, tandis qu’Instagram enregistre près de 17 millions d’inscrits, et enfin Twitter réunit plus de 16 millions de profils. En moyenne, les Français passent 1h17 minutes par jour sur ces réseaux. Même au travail, chaque collaborateur reçoit en moyenne  80 emails par jour, des sollicitations sources de nombreuses interruptions dans la journée.  

Ces mesures sont considérées comme largement excessives et entraînent une diminution du bien-être de leurs utilisateurs. En effet, une surconsommation des réseaux sociaux présente de nombreux risques : fake news, e-reputation, cyberdépendance, harcèlement, revenge porn,ou encore le FOMO (Fear of Missing Out c’est à dire la peur de rater quelque chose). Dans certains cas, cette surconsommation peut même aller jusqu’à générer de graves pathologies psychologiques : le court-métrage “A social Life”, réalisé par la productrice américaine Kerith Lemon, sensibilise les jeunes à la dépression due aux réseaux sociaux. C’est pourquoi, savoir réguler notre consommation personnelle des réseaux sociaux représente un défi majeur du XXIème siècle.

Les géants du numérique tentent d’endiguer le phénomène de la surconnexion et les offres de services liés au bien-être numérique des internautes tendent ainsi à se multiplier. Par exemple, Google et Apple proposent désormais des services pour enregistrer les usages quotidiens ou hebdomadaires des téléphones et/ou ordinateurs de leurs clients, afin d’en dresser un rapport. Appelés « Temps d’écran » par Apple ou  « Service de bien être numérique » pour Google, ces nouveaux outils ont pour objectif de sensibiliser les internautes sur leur consommation quotidienne, et de proposer des options de régulation (possibilité de suspendre les notifications des réseaux sociaux sur une période donnée, activation du mode « avion », conseiller l’utilisateur à changer de salle entre deux activités  …). 

Pourquoi utilise-t-on tant les réseaux sociaux ?

Des professionnels de la psyché avancent quelques explications. Michael Stora, psychologue, parle d’une “course à la réussite” sur les réseaux sociaux. Certains internautes de Facebook ou Instagram se sentiraient dépendants du contenu idyllique publié par ses pairs, entraînant ainsi une course à la performance (photos de vacances …), tout en oubliant que les gens ne postent que rarement des choses négatives. Certains peuvent se sentir déprimés face à cet idéal publié en apparence. 

Une autre course est celle aux likes sur les réseaux sociaux. L’appétit au nombre de likes génère souvent des risques de solitude et un égo surdimensionné. A ce titre, le Psychologue précise que « [les likes] rassurent et peuvent nous donner des petites décharges de dopamine mais c’est un effet à très court terme. C’est un peu le miroir de notre narcissisme« .

Le troisième facteur concerne les nombreuses notifications, issues de différentes applications, qui sur-sollicitent l’attention de l’internaute. En effet, certains utilisateurs sont soumis à une nouvelle norme numérique qui est celle de la réponse instantanée. Si l’on souhaite être reconnu par un groupe sur un réseau virtuel, alors il paraît nécessaire de réagir rapidement.

Quelles solutions envisageables à l’échelle individuelle ?

Pour pallier ou limiter les effets néfastes liés à une utilisation excessive des réseaux sociaux, plusieurs comportements sont envisageables.  Tout d’abord, il est possible de désactiver les contenus publiés de certains contacts sur les réseaux sociaux tout en entretenant une relation amicale (réduisant ainsi l’influence idéalisée de certains contenus …). Concernant la course au likes, une solution consisterait simplement à prendre conscience des effets négatifs liés à cet état d’esprit ; les réseaux sociaux ne proposent pour l’instant aucune solution concrète contre ce phénomène. Une autre piste est celle de privilégier une utilisation active des réseaux c’est à dire user son temps à parler avec ses pairs plutôt que de faire défiler l’information. Enfin, il est également possible de réduire les vibrations intempestives du téléphone en désactivant les notifications jugées futiles.

Des actions de terrain en faveur du bien-être numérique en Occitanie

Les pouvoirs publics et partenaires privés s’organisent pour sensibiliser les populations au bien-être numérique sur les réseaux sociaux, notamment à destination des jeunes, en Occitanie. Par exemple, la quatrième édition du Forum Santé Bien-être, tenue le 7 novembre 2019 dans l’Hérault, a été organisée sur le thème du “Bien vivre les réseaux sociaux” pour collégiens et lycéens. A cet égard, une dizaine de stands d’animation ont été installés afin d’informer les jeunes sur les risques du numérique (cyber-harcèlement, e-réputation, fake news …) avec l’intervention entre autres de la Police Nationale. De même, le 20 janvier 2020, le Conseil départemental de la Haute-Garonne a organisé, en appui des partenaires Qwant et Freya Games, une journée dédiée au  «savoir-être numérique». Les archives de cet événement sont mises à disposition du public à ce lien.  

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